Ces start-up du vin foisonnent d’idées
Dans la filière vin, nous savons reconnaître les bienfaits de la biodiversité.
Désormais, il existe deux types de pépinières : celles qui travaillent pour les vignerons, en assemblant greffons et porte-greffes et de nouvelles pépinières digitales, à l’instar de la »WineTech », qui développent applications mobiles, plateformes ou services en ligne.
Ces start-up du vin foisonnent d’idées. Elles peuvent se révéler être de précieux « éclaireurs », aux côtés des vignerons et de la filière, à condition de suivre leurs pistes…
Acquérir de nouveaux réflexes dans sa relation avec les clients
Pour assurer le développement économique de son exploitation, le vigneron devra davantage se positionner dans une logique de services que de production. C’est déjà le cas aujourd’hui avec le développement d’ateliers de dégustation ou de l’œnotourisme.
Pour concevoir ces nouveaux services, il lui faudra co-construire son offre avec des clients et être attentif à ce qui se passe au sein des communautés. Les start-up du vin peuvent accompagner les vignerons dans l’observation, le décryptage de ces mêmes communautés pour identifier les nouveaux besoins.
Rencontrer Arthur, Vincent, Thomas, Clémence et les autres … la pépinière Wine Tech
Pour essayer de mieux comprendre concrètement quel intérêt aurait un producteur de vin à se rapprocher de la WineTech, je suis allée à la rencontre de l’un de ses représentants Arthur Tutin, le fondateur de TrocWine.
La première chose qui m’a frappée, c’est que ce jeune entrepreneur expérimenté, qui n’est pas issu du monde du vin, partage au moins trois traits de personnalité avec les vignerons : la passion de son métier, un grand sens de l’observation et un fort engagement personnel.
TrocWine est le premier site non marchand d’échange de vins et spiritueux entre particuliers. Arthur Tutin a été l’un des pionniers pour développer un modèle d’affaires axé sur la consommation collaborative, pour le secteur du vin.
»Aujourd’hui, la plus grande communauté de troqueurs de vins se trouve à Bordeaux. C’est également la première ville en matière de consommation collaborative. La plateforme met en relation des troqueurs de vins et spiritueux à travers toute la France », précise Arthur Tutin.
Être curieux, se projeter sur de nouveaux usages
La consommation collaborative bouscule le modèle traditionnel en changeant non pas ce que les gens consomment mais la manière dont ils consomment. Le troc n’est certes pas nouveau.
Ce qui est nouveau, c’est que le numérique permet de le faire à une tout autre échelle : le 20 juin prochain, TrocWine va mettre sur sa plateforme un lot de 200 000 euros de grands crus et flacons rares pour le proposer à l’échange !
Comprendre les motivations de ces nouveaux consommateurs collaboratifs
Dans le modèle de consommation collaborative, le plaisir de l’amateur de vin peut être augmenté par le partage, l’échange et le troc de celui-ci.
»TrocWine est un site passion, poursuit Arthur Tutin. Lorsque l’on possède une cave, on prend le temps de troquer ses bouteilles, tard le soir ou le week end. La majeure partie des troqueurs ont des grands crus qu’ils n’osent pas ouvrir. Ce sont souvent des néophytes qui préfèrent échanger leurs bouteilles plutôt que de ne pas être en mesure de les conserver ou de les boire dans de bonnes conditions. Il y a aussi les collectionneurs qui préfèrent mettre à l’échange une ou deux bouteilles prestigieuses pour faire une proposition de poids. Le troc, c’est un jeu. Un peu comme avec les Pokemon : tu sors une carte très très forte pour faire un contrepoids à l’échange. »
Lorsqu’ Arthur a réfléchi au développement de sa start-up, il a d’abord recueilli l’avis des membres de TrocWine : ‘‘La communauté Troc Wine a retenu l’idée d’une Troc Party pour faire se rencontrer la communauté des troqueurs. L’objectif est de parvenir à organiser une Troc Party par mois. À terme, chaque membre pourra organiser sa propre Troc Party. Chaque troqueur va ainsi pouvoir découvrir de nouvelles appellations, de nouveaux cépages ou bien enrichir sa collection. »
Partager les codes de la culture digitale
« Pour moi, le vin a un nouveau terroir, celui du numérique. Depuis sa création, nous allons de surprises en surprises avec TrocWine, j’aimerais beaucoup que les vignerons et cavistes soient l’une d’entre elles en 2017 ! »
Les start-ups du vin s’inscrivent naturellement dans un mode de partage. Le collectif les motive et représente un lieu d’apprentissage. En observant ces nouveaux usages, qui sont en plein essor depuis 2007, le vigneron pourra dynamiser sa gamme, développer de nouveaux services, recruter et fidéliser de nouveaux clients.
En conclusion, lorsque les vignerons et start-up du vin se mettront à troquer leurs bonnes idées, à n’en pas douter, la filière renforcera son attractivité ainsi que son rayonnement à l’international.
Par Sylvie Brasquies, publié le 10 Novembre 2017
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